XI Wang

Si la vie est un voyage, mon point de départ est en 1977, en Chine. 

 Cadette d’une famille de deux enfants, mon enfance s’est passée dans une université militaire spécialisée en science et ingénierie où travaillaient mes parents, un univers ordonné mais artificiel. Pour aller au jardin d’enfants, nous passions devant d’aimables sentinelles avec leur fusil. Cette clôture à la fois tangible et invisible, mes parents l’ont adaptée d’une manière chaleureuse et robuste. La clôture,  je l’ai réellement perçue par l’intermédiaire de ma sœur, en observant sa collision violente avec nos parents. Du coup, je suis sage, je sais ne pas me salir, ni me blesser, ne pas toucher le froid, les duretés, les complicités en dehors de la clôture... Ma vie est sans misère, sans tragédie, mais remplie d'anxiété et d'incertitude… Je me cache toujours ... jusqu'en dehors de mon pays natal.

 En 2003, j’ai quitté la Chine pour venir en France. J’ai réappris à lire les visages pour deviner les réactions des gens, à parler comme un enfant. Tout recommençait presque à zéro. Différentes rencontres et diverses collisions, m’ont aidée petit à petit à mieux me connaître et à construire ma relation au monde, avec un très long parcours d’études, d’abord en École d’art (à l’Ecole supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, aujourd’hui Haute école des arts du Rhin) puis à l’Université de Strasbourg pour une thèse d’Anthropologie. 

En 2015, mes longues études enfin terminées, je me suis engagée pleinement dans la pratique artistique qui semblait m’avoir attendue longtemps si longtemps. Je touche le monde avec mes mains, la tension entre sérénité et inquiétude se joue là, sentant peu à peu ce qu’il y a de vrai. Il me semble que j’ai découvert une force du silence, investissant par ma propre volonté des situations plus apaisées. Je retrouve un univers ordonné mais cette fois bien réel.

 

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